L’amour que je te porte
1
Un amour qui vacille
Rania n’avait jamais cru aux clichés des histoires d’amour. Elle se moquait de l’idée d’une romance parfaite, des contes de fées où tout se finit dans la lumière dorée d’un coucher de soleil. Pourtant, quand elle avait rencontré Tressy, elle avait senti une étincelle qu’elle ne pouvait pas ignorer.
Tressy était plus âgé qu’elle de deux ans. À ses yeux, il portait le poids du monde sur ses épaules, mais il avait un regard profond, presque insondable, qui lui donnait un charme brut. Il vivait modestement, dans un petit appartement du centre-ville où chaque meuble semblait avoir une histoire. Il n’avait pas beaucoup d’argent, mais il avait toujours su offrir à Rania de petites attentions : une fleur cueillie au bord d’un chemin, un livre usé trouvé dans une brocante, un café partagé sur un banc au bord d’un parc. Ces moments étaient simples, mais remplis de sincérité.
Cependant, cette simplicité qui l’avait charmée au départ devint rapidement une source de tension.
Rania avait tout laissé pour Tressy : sa maison familiale, ses habitudes confortables, et c’était même trouvé un travail. Elle voulait prouver qu’elle l’aimait, qu’elle croyait en lui et en leur futur. Elle s’efforçait de s’intéresser à ses passions, comme les voitures, même si, la plupart du temps, elle n’y comprenait pas grand-chose. Mais son enthousiasme n’était jamais partagé dans l’autre sens. Ses propres passions, comme le badminton qu’elle pratiquait une fois par semaine pour se détendre, étaient ignorées ou même méprisées.
Leur quotidien s’enlisait dans une routine froide et sans étincelle. Entre les études exigeantes de Rania et le travail accaparant de Tressy, ils passaient peu de temps ensemble. Et ce peu de temps n’était jamais de qualité. Tressy semblait toujours absorbé par son téléphone, naviguant distraitement sur des réseaux sociaux ou cherchant sans arrêt une nouvelle façon de dépenser l’argent qu’il ne possédait pas, pendant qu’elle attendait, assise à ses côtés, qu’il lui accorde un moment d’attention.
Cela faisait des mois qu’ils n’avaient pas partagé une activité ensemble. Rania savait que Tressy n’avait pas beaucoup d’argent, mais elle ne demandait pas des restaurants ou des sorties coûteuses. Elle aurait été heureuse avec une simple soirée film, un bricolage improvisé ou même une promenade pour regarder les étoiles. Mais il ne semblait jamais faire d’efforts pour créer ces instants simples.
En plus de cette distance, les blagues incessantes de Tressy commençaient à l’irriter. Au début, ses plaisanteries pour adultes la faisaient rire. Mais avec le temps, elles devinrent trop fréquentes, parfois déplacées, jusqu’à ce qu’elle en vienne à se sentir réduite à un objet de désir plutôt qu’à une personne aimée.
Et quand elle tentait de lui ouvrir son cœur, il n’était pas à l’écoute. Elle lui avait confié à plusieurs reprises qu’elle trouvait ses études et son travail écrasants. « J’ai l’impression de ne plus être heureuse, » avait-elle avoué un soir, les larmes aux yeux. « J’aimerais juste faire une pause, passer un peu de temps avec mes parents, respirer. »
Mais Tressy avait haussé les épaules, un air détaché sur le visage. « Eh bien, la vie, c’est dur pour tout le monde, Rania. Faut apprendre à gérer. »
Ces mots avaient laissé une marque profonde en elle. Elle ne cherchait pas une solution miracle, juste un peu de réconfort.
Et malgré tout cela, Tressy se persuadait qu’il ne méritait pas Rania. Pour lui, elle était une lumière qu’il pensait incapable de nourrir. Ses pensées tournaient en boucle : Elle mérite mieux que moi. Elle finira par s’en rendre compte.
Avec cette certitude en tête, il commença à saboter leur relation. Subtilement d’abord, par des remarques anodines :
« Tu sais, tu serais bien mieux avec un homme qui pourrait t’emmener dans des endroits chic. »
Puis, plus explicitement :
« Pourquoi tu restes, Rania ? Regarde-toi, tu pourrais avoir tout ce que tu veux, mais pas avec moi. »
Ces mots la blessaient profondément, mais elle s’efforçait de ne pas le montrer. Chaque dispute devenait une épreuve. Elle s’accrochait à l’idée qu’il finirait par comprendre qu’elle ne voulait pas d’un autre homme, ni d’une autre vie. Elle voulait lui prouver qu’elle était là, non pas par pitié ou par défaut, mais par amour.
Pourtant, dans le secret de ses pensées, le doute s’immisçait. Lorsqu’elle était seule, les paroles de Tressy résonnaient dans son esprit. Avait-il raison ? Devrait-elle partir ? Ses parents lui rappelaient souvent qu’elle avait changé, qu’elle semblait fatiguée, plus fragile. Mais Rania ne voulait pas céder. Elle se répétait que l’amour demandait des sacrifices, que le bonheur finirait par revenir.
Les disputes devinrent plus fréquentes, et les moments de calme, plus rares. Tressy s’enfermait dans sa culpabilité, et Rania dans son espoir. Un soir, après une énième altercation, elle se retrouva seule dans leur petit salon, face à une tasse de café refroidie. Elle se demanda, pour la première fois avec sincérité, si elle n’était pas en train de se perdre dans une bataille qu’elle ne pourrait jamais gagner seule.
Mais ce qui la retenait, c’était cette petite étincelle qu’elle avait ressentie en le rencontrant. Elle était convaincue qu’il était un homme bon, qu’il avait seulement besoin de temps pour surmonter ses insécurités. Elle voulait croire que leur amour, malgré ses failles, méritait d’être sauvé.
Pourtant, au fond d’elle, une autre pensée se formait doucement, presque imperceptible : Et si aimer ne suffisait pas ?
2
L'illusion du futur
Les jours passaient, et rien ne semblait changer. Tressy continuait de se replier sur ses insécurités, tandis que Rania s’efforçait de garder la tête haute. Mais même son sourire commençait à se fissurer. L’amour qu’elle portait à Tressy n’était pas remise en question ; c’était la fatigue de porter seule le poids d’un couple à deux qui l’était.
Un soir d’hiver, alors que la pluie tambourinait sur les vitres, une nouvelle dispute éclata. Tressy avait, une fois de plus, laissé entendre qu’elle devrait trouver « mieux », un homme capable de lui offrir tout ce qu’il ne pouvait pas. Rania, épuisée, laissa exploser des mois de frustrations.
« Pourquoi tu fais ça, Tressy ? Pourquoi tu ne vois pas que c’est toi que je veux ? Pas ton argent, pas une vie de luxe. Toi. »
Tressy détourna les yeux, ses mâchoires serrées. « Parce que tu te contentes de peu, voilà pourquoi. Tu es naïve, Rania. Tu penses que tu peux tout résoudre avec un sourire ou un peu d’amour. »
Ces mots la frappèrent de plein fouet. Mais avant qu’elle ne puisse répondre, il continua, le ton de sa voix montant.
« Regarde-toi, tu te plains de ta vie, de ton travail, de tes études. Mais qu’est-ce que tu fais pour changer tout ça ? Rien. Tu crois que je vais m’apitoyer ? Tu te rends compte de ce que c’est, d’être avec quelqu’un qui attend toujours que les choses s’arrangent toutes seules ? »
Rania sentit une larme rouler sur sa joue, mais elle ne détourna pas les yeux. Sa voix tremblait, mais elle osa répondre. « Tressy, c’est injuste. Tu sais que je fais tout ce que je peux, que je me bats tous les jours pour que nous deux, ça fonctionne. »
Il rit, un rire amer. « Et moi alors ? Je dois faire quoi ? Toujours t’écouter te plaindre, toujours être celui qui supporte ? C’est toi qui devrais être plus forte, Rania. Faire l’adulte, m’empêcher de dire des conneries quand je suis en colère. Tu sais bien que je ne pense pas tout ce que je dis. Mais toi, tu laisses faire, et après tu pleures. »
Les mots résonnèrent dans la pièce comme un coup de tonnerre. Rania resta un moment immobile, incapable de croire ce qu’elle venait d’entendre.
« Faire l’adulte ? » répéta-t-elle, incrédule. « Alors c’est ça, ta solution ? Que je te prenne par la main et que je sois responsable de tout, même de toi ? »
Tressy s’adossa au mur, évitant son regard. Il semblait déjà regretter ses paroles, mais Rania savait qu’il ne s’excuserait pas.
Cette nuit-là, elle s’allongea sur leur petit canapé, incapable de dormir à ses côtés. Les mots qu’il avait prononcés tournaient en boucle dans sa tête, comme une plaie qu’elle ne pouvait pas refermer. Elle réalisa qu’elle ne pouvait pas continuer ainsi. L’amour seul ne suffisait pas si Tressy ne faisait aucun effort pour croire en eux.
Les jours qui suivirent furent marqués par une distance froide. Rania parlait peu, ses gestes étaient automatiques. Tressy, conscient de la tension, tentait maladroitement de se rapprocher, mais ses propres insécurités et sa fierté le retenaient.
Un soir, alors qu’elle rentrait du travail, Rania trouva Tressy assis dans leur salon, les bras croisés, l’air sombre. Il leva les yeux vers elle lorsqu’elle entra, et d’un ton sec, il demanda :
« Tu comptes me faire la gueule encore longtemps ? »
Elle posa son sac et le fixa, ses yeux brisant le silence avant ses mots. « Tressy, je ne fais pas la gueule. Je réfléchis. À nous. À tout ça. »
Il se leva brusquement, ses gestes traduisant une agitation qu’il n’arrivait pas à contenir. « Réfléchis à quoi, exactement ? À tout lâcher comme une lâche ? »
C’était la goutte d’eau. Rania sentit la colère monter, non plus comme une vague, mais comme une tempête.
« Lâcher ? Tu penses que c’est facile pour moi ? Que je me lève tous les jours en me disant que je vais abandonner ? Non, Tressy, je me bats. Mais je ne peux pas porter tout ça toute seule. Et je refuse de continuer à être celle qui ramasse les morceaux à chaque fois que tu te perds dans ta colère. »
Tressy ouvrit la bouche pour répondre, mais cette fois, elle ne le laissa pas parler.
« Non, Tressy. Je pars. Pas parce que je veux fuir, mais parce que je ne peux plus supporter ça. Je mérite quelqu’un qui respecte mes émotions, quelqu’un qui ne m’insulte pas et qui ne me demande pas d’être forte à sa place. »
Elle ramassa son sac, attrapa quelques affaires essentielles dans la chambre et se dirigea vers la porte. Juste avant qu’elle ne sorte, elle entendit sa voix, tremblante, presque brisée.
« Rania… attends. Je suis désolé. Je ne pensais rien de ce que j’ai dit. Tu sais que je m’énerve facilement, que je dis des choses que je regrette après. Je t’en supplie, ne pars pas. »
Elle se retourna, le regard empli de douleur. « Peut-être que tu ne pensais pas ce que tu as dit. Mais moi, je ressens tout ce que tu m’as fait. Et c’est ça qui compte. »
Alors qu’elle refermait la porte derrière elle, elle entendit Tressy murmurer un dernier « Je suis désolé. »
Mais cette fois, c’était trop tard.
3
Le poids de l'absence
Le lendemain matin, Tressy se réveilla dans un appartement vide de tout sauf de l'écho de ses regrets. Rania avait pris son manteau, quelques affaires essentielles, et quitté leur vie commune. La porte qu’il avait entendu se fermer la veille n’était pas celle de la chambre, mais celle de leur relation.
Il passa la journée dans un état de torpeur, assis sur le canapé où elle avait pleuré tant de nuits. Ses pensées tournaient en boucle : Elle est partie. Elle ne reviendra pas. Le poids de ses paroles et de ses actions le frappait enfin de plein fouet. Tout ce qu’il avait redouté s’était réalisé, mais pas parce qu’il n’était pas assez bien pour elle. C’était parce qu’il avait refusé de se battre pour eux.
De son côté, Rania traversait les rues de la ville, un sac à l’épaule, le cœur lourd mais l’esprit décidé. Elle avait trouvé refuge chez une amie proche, Jade, qui l’accueillit avec une douceur bienveillante.
« Tu as fait ce qu’il fallait, Rania, » lui dit Jade en lui tendant une tasse de chocolat chaud. « On ne peut pas sauver quelqu’un qui ne veut pas être sauvé. »
Rania hocha la tête, même si ces mots, si vrais soient-ils, lui faisaient mal. Elle s’installa dans la chambre d’ami, une petite pièce au mur pastel, et passa les jours suivants à réfléchir. Elle se remit à lire, à écrire, à redécouvrir les passions qu’elle avait laissées de côté. Chaque activité semblait être un pas vers la reconstruction de celle qu’elle avait été avant Tressy.
Mais ce dernier n’avait pas abandonné, pas encore.
Tressy, après quelques jours de silence, trouva enfin le courage de prendre son téléphone. Il hésita longtemps avant de taper un message :
Rania, je sais que je t’ai blessée. Je ne te demande pas de me pardonner, mais je veux changer. Pour toi, pour nous, et pour moi. Si tu veux bien, donne-moi une chance de te prouver que je peux être l’homme que tu mérites.
Il lut et relut ces mots, mais il n’osa pas appuyer sur « envoyer ». Que pouvait-il vraiment lui promettre, alors qu’il doutait encore de lui-même ?
Cette nuit-là, alors qu’il se tournait dans un lit devenu trop grand, une idée germa dans son esprit. Peut-être qu’il ne pouvait pas effacer le passé, mais il pouvait montrer à Rania qu’il était prêt à faire un pas en avant, à faire quelque chose de concret pour eux.
Le lendemain, il prit une feuille de papier et commença à écrire. Pas un message ni une lettre d’excuse, mais une liste. Une liste de tout ce qu’il devait changer, de tout ce qu’il devait affronter pour devenir un partenaire digne de l’amour qu’elle lui avait offert.
Et pendant ce temps, Rania, bien qu’entourée de chaleur et de soutien, commençait à ressentir autre chose. Ce n’était pas le manque de Tressy, mais celui d’un amour véritablement réciproque. Une question la hantait : Et si, malgré ses efforts, il n’était pas celui qu’il lui fallait ?
Un matin, alors qu’elle contemplait le lever du soleil depuis la fenêtre de la chambre d’ami, elle prit une décision. Pour elle, pour sa paix intérieure, elle devait lui parler une dernière fois. Pas pour revenir en arrière, mais pour obtenir des réponses.
Quelques heures plus tard, elle se retrouva devant la porte de leur ancien appartement, son cœur battant à tout rompre. Cette rencontre allait sceller leur avenir.
4
L’ultime vérité
Rania hésita quelques secondes devant la porte, sa main tremblant légèrement avant de frapper. Le bruit résonna dans le silence du couloir. Quelques instants plus tard, Tressy ouvrit. Il avait l’air épuisé, ses yeux cernés et ses épaules voûtées, mais il resta immobile en la voyant.
« Rania… » murmura-t-il, comme si prononcer son prénom suffisait à résumer tout ce qu’il ressentait.
Elle lui fit un signe de tête pour entrer. L’appartement était tel qu’elle l’avait laissé, mais quelque chose avait changé. Les souvenirs qui s’accrochaient aux murs semblaient moins étouffants, comme si l’absence avait laissé place à un vide que chacun d’eux devait affronter seul.
« Je ne suis pas là pour revenir, Tressy, » commença-t-elle, sa voix ferme mais empreinte de tristesse. « Je suis là parce que je veux comprendre. Pourquoi as-tu passé tout ce temps à repousser ce que je voulais construire avec toi ? »
Tressy la regarda, pris au dépourvu par sa franchise. Il s’assit sur le canapé, l’invitant d’un geste à faire de même, mais elle resta debout.
« Parce que j’avais peur, » répondit-il enfin. « Peur de ne pas être assez. Peur que tu finisses par te rendre compte que tu perdais ton temps avec moi. Alors, j’ai pris les devants… Je me suis dit que si je te faisais fuir, ce serait moins douloureux que si tu partais de toi-même. »
Rania ferma les yeux un instant, retenant des larmes. Avec le temps, elle n’en avait plus aucune pour lui. « Tu ne comprends pas, Tressy. Ce n’était pas à toi de décider pour moi. Tu m’as enlevé le droit de choisir. »
Un silence lourd s’installa. Tressy prit une profonde inspiration et sortit de sa poche une feuille pliée en quatre.
« Depuis que tu es partie, j’ai réfléchi. J’ai écrit une liste… des choses que je dois changer. Pas pour te récupérer, mais pour devenir quelqu’un de meilleur. Pour moi, et pour les autres. »
Il lui tendit la feuille, mais Rania hésita avant de la prendre. Ses yeux parcoururent les mots griffonnés à la hâte. Des phrases comme croire en moi-même, parler sans fuir, et me battre pour ce qui compte sautaient aux yeux.
« C’est un début, » dit-elle doucement, en pliant la feuille. « Mais ce n’est pas suffisant pour effacer ce qu’on a vécu. L’amour, Tressy, ce n’est pas une liste ou des promesses. C’est des actions. Et pour moi, il est trop tard. »
Ces mots furent comme un coup de poing pour Tressy, mais il hocha la tête. « Je comprends. Mais sache que… tu m’as changé. Même si ça ne mène à rien entre nous, je suis reconnaissant pour tout ce que tu m’as donné. »
Rania se leva, les émotions serrant sa poitrine. « Je ne regrette pas de t’avoir aimé, Tressy. Mais maintenant, je dois apprendre à m’aimer autant que j’ai essayé de t’aimer. »
Elle se dirigea vers la porte, et avant de sortir, elle se retourna une dernière fois.
« Prends soin de toi. »
Et cette fois, en fermant la porte derrière elle, Rania sentit qu’elle reprenait enfin le contrôle de sa vie.
Dans les semaines qui suivirent, elle reprit ses études, trouva un équilibre entre ses rêves et ses besoins, et redécouvrit ce que cela signifiait d’être heureuse par elle-même.
5
Le mirage
Dans les semaines qui suivirent sa séparation avec Tressy, Rania retrouva son équilibre. Elle se concentra pleinement sur ses études en technique de santé animale, redécouvrant sa passion pour le bien-être des animaux. Quand elle n’était pas à l’école ou en stage, elle s’accordait des moments de liberté sur les terrains de badminton ou en dévalant les pistes de snowboard. Ces activités l’aidaient à reprendre confiance en elle, à reconnecter avec sa propre identité.
C’est au club de badminton qu’elle rencontra Gabriel. Nouveau dans le groupe, il était venu se présenter avec son sourire désarmant et une énergie débordante. Grand, les cheveux légèrement ébouriffés, il avait une manière de parler qui captait l’attention de tous. Après une partie intense qu’ils jouèrent en équipe, il lui lança :
« Pas mal du tout, Rania. Tu joues comme si tu avais un point à prouver. »
Elle haussa les épaules en souriant. « Peut-être. Ou peut-être que j’aime juste gagner. »
Gabriel éclata de rire, et la conversation s’enchaîna naturellement. Il était étudiant en marketing, mais il avait une passion pour l’aventure. Il lui raconta ses voyages dans les Alpes, ses descentes à ski, et leur échange déboucha rapidement sur une invitation.
« Tu fais du snowboard ? Viens avec moi ce week-end. J’ai une petite bande, on va à Mont-Tremblant. »
Rania hésita. Elle venait à peine de se remettre d’une relation compliquée, mais Gabriel dégageait une légèreté qui la séduisait. Elle finit par accepter.
Le week-end fut magique. Sur les pistes, Rania retrouva une complicité qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps. Gabriel était attentionné, drôle, et partageait son amour pour la neige. Lorsqu’il lui tendit une main pour l’aider à se relever après une chute, elle sentit un frisson qu’elle n’avait pas ressenti depuis des mois.
Très vite, leur relation s’intensifia. Avec Gabriel, tout semblait facile : il la faisait rire, la poussait à essayer de nouvelles choses, et lui rappelait ce qu’était la spontanéité. Ils passaient des heures à parler, à jouer au badminton, ou simplement à rêver de voyages qu’ils feraient un jour ensemble.
Mais derrière cette apparente perfection, des fissures commencèrent à se former.
Gabriel, bien qu’extrêmement charmant, était imprévisible. Il annulait souvent leurs plans à la dernière minute, prétextant une obligation imprévue ou un changement d’humeur. Parfois, il disparaissait pendant des jours, ne répondant ni à ses appels ni à ses messages, avant de réapparaître comme si de rien n’était.
Un soir, après une journée épuisante à l’école, Rania lui proposa de venir dîner chez elle. Gabriel arriva en retard, l’air distrait, et à peine installé, il se mit à parler de ses propres projets sans lui demander comment s’était passée sa journée.
« Tu sais, Rania, » dit-il en passant négligemment la main dans ses cheveux, « je réfléchis à partir quelques mois en Europe. Je pourrais y travailler à distance. Ce serait génial, non ? »
Elle fronça les sourcils. « Et moi, dans tout ça ? »
Il haussa les épaules. « Tu pourrais venir, peut-être. Enfin, si tu peux mettre tes études en pause, non ? »
Ce fut comme un coup de couteau. Elle avait déjà sacrifié une partie de son avenir pour quelqu’un d’autre, et elle ne referait pas la même erreur.
Malgré ces tensions, Rania s’accrochait. Elle voulait croire que Gabriel était différent. Mais à mesure que les semaines passaient, son comportement devenait de plus en plus erratique. Un soir, alors qu’ils étaient censés se retrouver après une partie de badminton, il ne se présenta pas. Pas un appel, pas un message. Elle rentra chez elle, déçue, et décida d’aller se coucher tôt.
Ce n’est que le lendemain qu’il la rappela, avec des excuses vagues.
« Désolé, Rania. J’ai été pris dans quelque chose… Je me rattraperai, promis. »
Mais Rania commençait à comprendre. Gabriel n’était pas fiable. Bien qu’il représentait tout ce qu’elle pensait vouloir après Tressy – spontanéité, liberté, enthousiasme – il manquait d’engagement.
6
Un renouveau
Rania avait pris la décision d’affronter Gabriel en personne. Elle ne voulait pas de faux-semblants, pas de demi-vérités échappées au téléphone. Après avoir terminé ses cours, elle prit le dernier autobus pour se rendre chez lui.
Quand elle frappa à sa porte, Gabriel lui ouvrit avec son sourire habituel, mais elle sentit immédiatement une tension dans l’air.
« Rania, qu’est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il, visiblement mal à l’aise.
Elle entra sans attendre son invitation, ses yeux balayant l’appartement. Une veste féminine, un verre à moitié vide posé sur la table. Son cœur s’alourdit.
« On doit parler, » dit-elle d’un ton glacial.
Gabriel soupira, croisant les bras. « Écoute, si c’est encore à propos de ce que tu crois avoir entendu, tu te trompes. »
Elle le fixa, refusant de se laisser distraire. « Arrête de mentir, Gabriel. Quelqu’un t’a vu, et tout ici confirme ce que je savais déjà. Je veux juste comprendre pourquoi tu n’as pas été honnête avec moi. »
Il détourna le regard, frottant nerveusement l’arrière de son cou. « Je… Je n’ai jamais voulu te faire de mal, Rania. Mais peut-être que je ne suis pas prêt pour une relation sérieuse. »
Elle sentit sa colère monter. « Alors pourquoi tu m’as entraînée dans tout ça ? Pourquoi tu m’as fait croire qu’on construisait quelque chose, alors que tu cherchais autre chose ailleurs ? »
Il ne répondit pas. Le silence qui suivit fut suffocant.
Rania secoua la tête, prenant une profonde inspiration. « Je mérite mieux que ça. Je refuse de m’accrocher à quelqu’un qui ne respecte pas ce que j’offre. C’est terminé, Gabriel. »
Elle tourna les talons et quitta l’appartement, la tête haute malgré la douleur qui lui broyait la poitrine.
Mais en sortant, elle réalisa à quel point il était tard. Les rues étaient désertes, et en consultant l’horaire, elle découvrit que le dernier autobus était déjà passé. Les taxis ne semblaient pas circuler dans le quartier, et elle n’avait pas envie de marcher seule si tard.
Un sentiment d’urgence monta en elle. Elle fouilla dans son téléphone, cherchant quelqu’un à appeler. Ses doigts s’arrêtèrent sur un nom qu’elle hésita à sélectionner : Tressy.
Après quelques secondes d’hésitation, elle appuya sur le bouton d’appel.
La sonnerie retentit une fois, puis deux. Elle était sur le point de raccrocher quand une voix familière répondit :
« Rania ? »
Sa gorge se noua. « Salut, Tressy. Désolée de te déranger. Je… je suis coincée. Je suis trop loin pour rentrer, il n’y a plus de bus, et… »
Il l’interrompit doucement. « Où es-tu ? Je viens te chercher. »
Elle lui donna l’adresse, et il ajouta simplement : « Attends-moi là. J’arrive. »
En attendant, Rania resta immobile sur le trottoir, observant les lumières des fenêtres qui s’éteignaient une à une. Elle se sentait vide, déçue de Gabriel, mais aussi d’elle-même pour avoir une fois de plus espéré quelque chose d’impossible.
Tressy arriva en moins de vingt minutes. Sa voiture s’arrêta devant elle, et il descendit pour lui ouvrir la portière.
« Monte, » dit-il doucement.
Elle entra sans un mot, s’installant sur le siège passager. Le silence entre eux était lourd, mais pas oppressant. Tressy ne posa pas de questions, se contentant de rouler.
Après quelques minutes, il brisa la glace. « Tu veux en parler ? »
Rania hésita, puis hocha la tête. « J’ai essayé de tourner la page, Tressy. J’ai cru que Gabriel était… différent. Mais il s’est avéré que j’avais tort. »
Il serra le volant un peu plus fort, mais sa voix resta calme. « Tu mérites quelqu’un qui voit ta valeur, Rania. Pas quelqu’un qui joue avec tes sentiments. »
Ses mots la touchèrent plus qu’elle ne voulait l’admettre. Elle tourna la tête vers lui, le regardant sous un nouvel angle. Tressy avait changé. Il semblait plus posé, plus sûr de lui, comme s’il avait appris de leurs erreurs passées.
Quand ils arrivèrent devant son appartement, elle hésita avant de descendre. « Merci, Tressy. Je ne savais pas à qui d’autre demander. »
Il lui offrit un petit sourire. « Tu pourras toujours compter sur moi, Rania. Même si ça fait mal de te voir souffrir. »
Elle resta figée un instant, touchée par sa sincérité. Mais elle n’était pas prête à revisiter le passé, pas encore.
« Bonne nuit, Tressy, et merci encore » murmura-t-elle en descendant de la voiture.
Alors qu’elle refermait la porte derrière elle, une pensée persistante la suivit : et si, malgré tout, certaines choses méritaient une seconde chance ?
7
Les ombres du passé et du présent
Les jours suivants furent marqués par une étrange mélancolie. Rania se replongea dans ses études de technique de santé animale, cherchant à oublier les récents événements. Elle passait ses journées entre ses cours, ses stages, et des parties de badminton, mais le souvenir de Tressy, patient et prêt à l’aider malgré leur histoire compliquée, restait dans un coin de son esprit.
Un soir, après une longue journée au collège, Rania reçut un message inattendu. C’était Tressy :
"Salut, Rania. Je sais que c’est peut-être pas le moment, mais je voulais savoir si tu voulais qu’on se voie. Juste pour discuter. Aucun sous-entendu, promis."
Elle resta figée un instant, son téléphone entre les mains. L’idée de revoir Tressy lui faisait peur, mais elle sentait aussi une curiosité grandissante. Il avait changé, et une partie d’elle se demandait ce qu’il avait à dire.
Elle répondit simplement : "D’accord. Où et quand ?"
Ils se retrouvèrent dans un café discret, loin du centre-ville. Tressy l’attendait déjà, assis près de la fenêtre. Il semblait plus détendu, vêtu d’un pull sombre et d’un jean, les mains autour d’une tasse fumante.
« Merci d’être venue, » dit-il en se levant légèrement lorsqu’elle arriva.
Elle hocha la tête, s’asseyant en face de lui. « Alors, de quoi voulais-tu parler ? »
Il inspira profondément, cherchant ses mots. « Je voulais juste te dire que je suis désolé. Pas juste pour ce qu’il s’est passé entre nous, mais pour la façon dont je t’ai fait te sentir. Tu m’as donné tout ce que tu avais, et je n’ai rien fait pour te le rendre. »
Ses mots la prirent par surprise. Tressy avait toujours eu du mal à exprimer ses émotions, et l’entendre parler avec une telle clarté éveilla en elle une étrange chaleur.
« C’est du passé, Tressy, » répondit-elle doucement.
Il secoua la tête. « Pas pour moi. Depuis qu’on s’est quittés, je n’ai pas arrêté d’y penser. À toi. À nous. À ce que j’aurais pu faire différemment. »
Rania sentit son cœur se serrer. Elle n’avait pas oublié les blessures de leur relation, mais voir Tressy prendre la responsabilité de ses erreurs la touchait profondément.
« Et maintenant ? » demanda-t-elle, hésitante.
Tressy haussa les épaules, un sourire triste sur les lèvres. « Maintenant, je veux juste m’assurer que tu es heureuse, même si ce n’est pas avec moi. »
Un silence s’installa entre eux, chargé d’émotions non dites. Rania regarda Tressy, se demandant si elle pouvait lui pardonner, s’il y avait encore une place pour lui dans sa vie.
Quelques jours après cette rencontre, Rania commença à remarquer des changements. Tressy semblait vouloir prouver qu’il était sérieux. Il l’appelait pour prendre des nouvelles, lui proposait de l’aider avec ses projets de stage, et même de l’accompagner en montagne pour une sortie snowboard.
Mais malgré ses efforts, un doute persistait en elle. Elle avait été blessée par le passé, et elle craignait de refaire les mêmes erreurs.
Un soir, alors qu’elle sortait du centre sportif après un entraînement de badminton, elle reçut un autre message de Tressy :
"Je vais à Mont-Tremblant ce week-end. Je sais que c’est ton endroit préféré. Si jamais tu veux venir, on pourrait juste profiter des pistes. Aucune pression, je te le promets."
Elle hésita. Cette sortie semblait innocente, mais elle savait que l’implication émotionnelle serait tout sauf légère. Finalement, elle répondit : "D’accord. Mais juste pour le snowboard."
Lorsqu’ils se retrouvèrent sur les pistes, tout semblait étrangement familier. La neige, les rires des autres skieurs, et la sensation du vent sur son visage. Tressy était attentif, patient, s’assurant qu’elle se sentait bien à chaque instant.
Pendant une pause, alors qu’ils sirotaient un chocolat chaud au pied des pistes, Tressy la fixa avec une intensité qui la déstabilisa.
« Tu sais, Rania, je ne veux pas que tu penses que j’essaie de te faire revenir vers moi par habitude ou par culpabilité. J’ai changé. Et je veux juste une chance de te le prouver. »
Elle le regarda, les mots bloqués dans sa gorge. Elle savait qu’il était sincère, mais une partie d’elle n’était pas prête à céder.
« Tressy, je ne peux pas te promettre quoi que ce soit, » dit-elle finalement. « J’ai besoin de temps. »
Il hocha la tête, acceptant sa réponse avec un sourire doux. « Prends tout le temps qu’il te faut. Je serai là. »
Alors qu’ils remontaient sur les pistes, Rania ne pouvait s’empêcher de réfléchir. Tressy semblait différent, mais pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Ou était-ce simplement une illusion, comme celle qu’elle avait eue avec Gabriel ?
8
Une nuit sous les étoiles
Après une journée épuisante sur les pistes de Mont-Tremblant, Tressy et Rania avaient décidé de s’arrêter au village pour se détendre. Tressy avait insisté pour passer par un petit bar qu’il connaissait, un endroit animé où l’atmosphère chaleureuse contrastait avec la froideur de l’extérieur.
Assise sur un tabouret haut, Rania observait Tressy discuter avec le barman. Ses gestes confiants, son sourire facile… Il avait changé, ou peut-être avait-il simplement retrouvé cette version de lui-même qu’elle aimait tant.
« Alors, tu t’amuses ? » demanda-t-il en revenant avec deux verres de whisky.
Elle hocha la tête, amusée par l’éclat dans ses yeux. « Ça me rappelle nos débuts, quand tout semblait si simple. »
Tressy s’assit à côté d’elle, son expression devenant plus sérieuse. « Peut-être que ça pourrait redevenir simple, tu sais. Parfois, on complique tout, mais au fond… je n’ai jamais cessé de penser à toi. »
Rania sentit son cœur s’emballer. Il y avait une sincérité dans sa voix qu’elle n’avait pas entendue depuis longtemps.
Ils restèrent au bar jusqu’à tard, partageant des souvenirs, riant de moments passés, et se découvrant à nouveau, comme si le temps n’avait pas vraiment réussi à les séparer. Finalement, l’heure avançant, ils décidèrent de retourner au chalet.
De retour dans le petit chalet qu’il avait loué pour le week-end, l’atmosphère était plus calme, presque intime. Rania s’était changée, portant un pull en laine qui glissait légèrement sur son épaule et un short qui laissait voir plus qu’il ne l’aurait fallut. Pendant ce temps, Tressy avait allumé le feu, et la pièce baignait dans une lumière douce et vacillante.
Il s’approcha d’elle avec une bouteille de vin qu’il avait achetée plus tôt. « Une dernière pour la route ? »
Elle acquiesça avec un sourire, prenant le verre qu’il lui tendait. Assis côte à côte sur le canapé, ils regardèrent les flammes danser dans la cheminée, laissant le silence s’installer, mais un silence qui n’avait rien d’inconfortable.
Rania tourna la tête vers Tressy. Il la regardait déjà, ses yeux sombres fixés sur elle avec une intensité qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps.
« Quoi ? » murmura-t-elle, un sourire timide aux lèvres.
Il posa son verre sur la table basse et se rapprocha légèrement. « Rien… C’est juste que… tu es magnifique. »
Elle sentit ses joues chauffer, mais avant qu’elle ne puisse répondre, il posa une main douce sur son visage, son pouce effleurant sa joue.
Leurs lèvres se rencontrèrent doucement, presque hésitantes, mais l’intensité monta rapidement. Rania se laissa emporter, oubliant tout sauf la sensation de ses mains sur elle, de son souffle contre sa peau.
Tressy glissa une main dans ses cheveux, l’autre se posant sur sa taille, et en un mouvement fluide, il l’attira contre lui. Le pull qu’elle portait glissa davantage, révélant la courbe de son épaule, et il déposa un baiser léger à cet endroit, provoquant un frisson le long de son dos.
Les baisers devinrent plus pressants, leurs respirations plus rapides. Rania oublia tout : leurs disputes passées, ses doutes, même les mois qu’ils avaient passés séparés. En cet instant, tout ce qui comptait, c’était eux, et ce désir brûlant qu’ils avaient trop longtemps réprimé.
Les flammes dans la cheminée dansaient toujours, projetant leurs ombres contre les murs du chalet, témoins silencieux de cette nuit où Rania et Tressy se retrouvèrent enfin, dans toute leur vulnérabilité et leur passion.
9
Le miroir de la vérité
Rania se réveilla dans un état de confusion. La lumière du matin filtrait à travers les rideaux, mais son esprit était troublé, embrumé par ce qui s'était passé la veille. Elle se leva lentement, son corps encore marqué par la fatigue, ses pensées en spirale. Tout semblait flou, mais une chose était claire : elle se sentait trahie.
La soirée avec Tressy n’était qu’un tourbillon d’émotions contradictoires. Il avait été doux, attentionné, mais quelque chose en elle s’était brisé, comme si elle avait vu une facette de lui qu'elle ne pouvait plus ignorer. Ses gestes, trop pressants, ses paroles, parfois trop flatteuses… Elle n’arrivait pas à se débarrasser de l’idée que Tressy la désirait avant tout pour son corps, et non pour ce qu’elle était réellement.
Elle se dirigea vers la salle de bain, fixant son reflet dans le miroir. Ses yeux étaient rouges, marqués par une nuit agitée. Elle se haussait les épaules, consciente qu’elle était en train de se créer des scénarios dans sa tête. Mais, malgré tout, le doute persistait.
Lorsque Tressy se réveilla à ses côtés, il lui adressa un sourire fatigué, mais elle n’arrivait plus à le voir comme avant. Sa voix, douce et rassurante, ne parvenait plus à la convaincre. Elle avait l’impression qu’il la regardait, non pas comme une partenaire, mais comme un simple objet de désir.
Il se redressa dans le lit, et, remarquant son silence, demanda :
« Tu vas bien ? »
Mais Rania, toujours plus en colère, détourna le regard.
« Tu m’as utilisée hier soir, Tressy. C'est comme ça que tu me vois, n'est-ce pas ? »
Il haussait les sourcils, pris de surprise.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? »
Rania se leva brusquement, le regard plein de défi.
« Tu n’as pas l’air de m’aimer pour ce que je suis. C’est mon corps que tu veux, pas moi. »
Tressy se leva à son tour, prenant doucement ses mains dans les siennes, mais elle se dégagea brusquement, ne supportant plus le contact.
« Arrête, Tressy. Arrête de jouer les héros. Je suis fatiguée de ça. »
Il la regarda, visiblement affecté par ses mots, mais une partie de lui ne comprenait pas entièrement la colère de Rania. Elle était fâchée, bien plus qu’il ne l’avait imaginé, et il n’avait pas prévu que la nuit qu'ils avaient partagée l’éloignerait plutôt que de la rapprocher.
Rania ne voulait pas fuir dans la facilité, mais le manque de sincérité dans certains gestes et la superficialité de leur relation la faisait douter de tout. Elle s'habilla rapidement, son esprit en tumulte.
« Je ne peux pas rester ici avec toi, pas maintenant. »
Elle sortit sans un mot de plus, laissant Tressy dans l'incertitude.
Lorsqu'elle se retrouva dehors, le froid de l'air matinal la réveilla davantage. Elle avait besoin de temps pour clarifier ses pensées, pour comprendre pourquoi elle se sentait si mal dans cette situation. Elle savait que son instinct la protégeait, mais elle avait peur qu'en restant avec lui, elle se perde à nouveau.
